Texte rassemblement samedi 23 novembre 24 : MRAP / Mouvement de la Paix ...
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La « routine de l’horreur » (expression empruntée à Jean Yves Le Drian ancien ministre des affaires étrangères) se déroule sous nos yeux médusés. Dans une fausse indifférence, nos gouvernements français et européens laissent faire Israël, et les massacres se poursuivent à Gaza, au Liban, en Cisjordanie. Cette semaine l’aviation israélienne a frappé le sud et la capitale du Liban, le nord de Gaza, et même la Syrie où se tenait une réunion de chefs militaires pro iraniens faisant des centaines de victimes. Quelles réactions de nos dirigeants européens et américains si prompts par ailleurs à se scandaliser des attaques et des crimes de la Russie ? Un silence honteux et complice.
Les dizaines de milliers de morts à Gaza : plus de 44 000 décomptés à ce jour (auxquels il faut ajouter ceux qui croupissent sous les décombres, et sans doute tout autant), les centaines de milliers de blessés, de malades non soignés, d’amputés, d’affamés (ce que conteste l’ambassadeur d’Israël en France en niant la voix des organisations humanitaires sur place), semblent abandonnés à leur sort. Au Liban les frappes de l’aviation israélienne ont fait de nombreuses victimes : 3500 morts dans tout le pays, à Beyrouth et dans d’autres villes et villages du pays. Des dizaines de milliers de déplacés ne savent plus où aller pour être en sécurité.
Les opinions publiques dans le monde continuent de manifester leur indignation. Des manifestations mettant en cause les guerres et les crimes d’Israël se produisent chaque semaine partout en Europe, en Amérique, et en Asie, plus ou moins importantes selon les pays, mais bien réelles malgré les silences et les raccourcis de la presse aux ordres que leurs journaux anesthésiants finissent par faire fuir les citoyens avertis.
Ce soutien est connu et apprécié des victimes du Proche Orient. Nos rassemblements (le 54 ième aujourd’hui à Mont de Marsan) aussi modestes soient-ils donnent de l’espoir à ceux sur qui le sort s’acharne et qui survivent malgré tout.
Le « bide » du récent match de foot France – Israël à Paris avec des tribunes aux 3/4 vides, le renoncement du ministre fasciste israélien Smotrich et de ses amis sionistes français à venir en France, les voix plus que discrètes de ceux de nos porte-voix politiques et médiatiques si promptes à s’aligner sur Israël, la réunion enfin intervenue des pays arabes, y compris avec l’Iran tant honnie, pour condamner Israël, plus modestement, la bonne participation du public montois à la séance de projection et de discussion du film « No other land » ce mardi au Grand Club, sont autant de signes de l’isolement croissant et de la mise à l’index d’un État qui s’empêtrent dans ses guerres permanentes au détriment de la paix mondiale et des peuples, y compris du peuple israélien.
L’ anthropologue et sociologue Didier Fassin, professeur au Collège de France dans son livre récemment paru « Une étrange défaite » avec pour sous titre « sur le consentement à l’écrasement de Gaza » retient l’acquiescement dans les lieux de pouvoir (gouvernement, parlementaires, élites médiatisées, presse, avec bien sûr les exceptions de ceux qui se sont attachées à dire la vérité et de se retrouver aux côtés des parias), acquiescement à la dévastation d’un territoire et au massacre de la population de Gaza par l’État d’Israël, à quoi s’ajoute la persécution des habitants de Cisjordanie. Tout en condamnant les actes terroristes du 7 octobre : Didier Fassin rappelle les décennies de spoliation, de violence et d’humiliation qui les avait précédé. Je le cite encore : « Une police de la pensée s ‘est imposée. Le détournement des mots et l’inversion des valeurs ont mis à l’épreuve l’intelligence politique et le discernement moral ».
Une faillite de tous ceux qui ont une compassion sélective et ne considèrent pas toutes les vies de la même façon. En quelque sorte l’inégalité des vies selon leur origine, le racisme macabre. Les victimes de Gaza, de Beyrouth, ou de Cisjordanie n’auraient-elles pas la même valeur humaine que celles des attentats du 7 octobre ou celles d’Ukraine ? Alors que toutes sont victimes des mêmes engrenages guerriers et expansionnistes. Que toutes les populations visées ne désirent que la paix, et la justice.
Pour certains, on en est encore à s’interroger sur la réalité du génocide à Gaza et à réécrire les évènements comme ceux du match de foot à Amsterdam où il fallait crier au pogrom alors que les images montraient les provocations des hooligans du club israélien du Maccabi. D’ailleurs la maire d’Amsterdam est revenue sur ses déclarations erronées prises dans une ambiance de fausses déclarations et s’est excusée auprès des supporters hollandais, des passants et des chauffeurs de taxis victimes de la haine des racistes israéliens.
Ce lundi le rapport présenté au Conseil de Sécurité des Nations Unies auquel les USA comme d’habitude ont opposé leur veto est tout à fait clair et démonstratif quant au génocide pratiqué à Gaza par Israël. La communauté internationale n’est pas dupe des mensonges et de la duplicité des États occidentaux.
Autre évènement important de la semaine : la Cour Pénale Internationale vient enfin d’émettre ce 21 novembre des mandats d’arrêt contre Nétanyahou, le chef militaire du Hamas Mohamed Deif, supposé décédé, et l’ancien ministre des armées d’Israël Yoav Galan.
Ces mandats ont été émis "pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins du 8 octobre 2023 et au moins jusqu’au 20 mai 2024", explique la cour dans un communiqué.
Nétanyahou comme à son habitude a qualifié d’"antisémite" la décision de la CPI, s’estimant victime d’un nouveau "procès Dreyfus", toujours les mêmes arguments faux et calomnieux des assassins. La CPI a "perdu toute légitimité" en émettant des "ordonnances absurdes", a de son côté réagi le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Saar. Le Hamas a pour sa part estimé que les mandats d’arrêt visant les dirigeants israéliens constitue "une étape importante vers la justice". Le mouvement n’a cependant pas commenté le mandat d’arrêt visant Mohammed Deif.
La représentante de l’Autorité Palestinienne en France Hala Abou Hassira (que nous avons rencontré quelques uns d’entre nous au Congrès du MRAP il y a 1 mois à Bobigny) s’est réjouie de la décision de la CPI « qui donne justice au peuple palestinien et signe la fin de l’impunité d’Israël ».
Le MRAP avec 10 autres organisations françaises dont la Ligue des Droits de l’Homme, France Solidarité Palestine et la Cimade, représentées à ce rassemblement, ont publié un communiqué demandant à la France de s’engager à exécuter les mandats d’arrêt de la CPI et d’arrêter ces personnes si elles se rendent sur le territoire français. Ces associations rappellent que la France est partie au statut de Rome qui stipule que les États, quasiment tous les états européens, sont tenus d’arrêter ces criminels. Continuons à faire pression pour qu’il en soit ainsi en France et en Europe. Pour que justice soit rendue aux victimes du génocide en cours. J’ajoute que les complices de crimes, en particulier des militaires franco-israéliens (4000) pourraient être jugés comme complices.
La CPI qui faisait, comme d’autres institutions internationales, l’objet d’un procès en « 2 poids , 2 mesures » par rapport à la guerre en Ukraine en inculpant Poutine, se voit reconnaître plus d’impartialité et de légitimité. Sa crédibilité en sort renforcée. A nos États d’être à la hauteur. A nous d’être à la hauteur d’un combat pour la vérité et la justice.
S’agissant de ces combats pour dénoncer les pires crimes de l’État israélien, des hommes courageux en Israël même, se battent pour dénoncer la politique assassine de Nétanyahou et de ses sbires d’extrême droite. Des hommes de paix finissent par descendre dans la rue malgré les risques car la majorité des citoyens israéliens abhorrent les arabes, des députés communistes comme Ayman Odeh ou Ofer Cassif se sont faits expulser de la Knesset suite à leurs dénonciations des crimes de Nétanyahou. Mais il est vrai qu’Israël est un pays qui se prétend démocratique. Et Marhouan Bargouti enfermé depuis 25 ans dans sa prison israélienne continue le combat pour un peuple palestinien libéré de l’occupation.
Des poètes palestiniens contraints à l’exil, ayant été pour certains victimes dans leur chair et dans leurs familles des pires sévices de l’armée israélienne, continuent le combat en publiant des textes accusatoires. Je pense en cet instant à Karim Kattan réfugié en France, à Mosab Abou Tohab réfugié aux États Unis.
Au même moment en France avec une majorité de Gauche au sein du bureau de l’Assemblée Nationale, un groupe d’Amitié avec la Palestine a pu se constituer. Son objectif : « travailler à la solidarité avec le peuple palestinien et promouvoir une paix juste ». Une façon de rééquilibrer les choses face à un groupe d’amitié avec Israël très complaisants avec les assassins.
Si les souffrances des palestiniens et des libanais persistent au quotidien il n’en faut pas moins garder espoir.
Il est vrai que l’élection de Trump aux USA assombrit le ciel, car sa proximité avec le gouvernement israélien est connue de tous et risque de conforter Nétanyahou dans ses œuvres de mort.
Pour notre part, poursuivons nos mobilisations de soutien aux peuples du Proche Orient et de dénonciation des crimes.
Redisons haut et fort :
cessez le feu immédiat et permanent avec le retrait des troupes israéliennes de Gaza ;
libération des otages détenus par le Hamas et libération des prisonniers politiques palestiniens détenus par Israël,
protection des populations palestiniennes de Gaza, de Cisjordanie, de Jérusalem, et du Liban sous l’égide de l’ONU ;
sanctions contre Israël dont la dénonciation de l’accord UE- Israël ;
reconnaissance par la France de l’État de Palestine.
Palestine libre !
Enfants de Gaza ! Enfants de Palestine, enfants du Liban ! c’est l’humanité qu’on assassine !